Il m'arrive souvent de m'asseoir sur un banc dans un parc. J'observe joyeusement le monde qui m'entoure. J'imagine la vie de cette maman qui passe avec son enfant. Je souris en voyant le visage rouge écarlate de ce coureur. Je m'attendris en regardant cet homme avec sa roulotte de sucettes aux multiples couleurs. J'examine discrètement ce groupe d'adolescents au loin et je me souviens de ma jeunesse lointaine.. tant d'autres vies qui trépassent, des étoiles filantes.
Soudain, je me remémore cette dame d'un certain âge, habillée d'une robe à fleurs, s'installant à mes côtés. Son petit chien blanc avec de grandes oreilles, jacasse en faisant le tour du banc. Elle me regarde attentivement, me sourit tendrement. Je reste perplexe. Bruits du vent dans les feuilles, cris des enfants, la voix de ma voisine qui raisonne brusquement. Elle me raconte son quotidien avec « son Roméo à quatre pattes ». Ce qui me paraît incroyablement étrange au début, devient vite une évidence. Une idée fabuleuse germe
dans ma tête : me mettre « dans la peau de John Malkovich » ou plutôt … dans la peau de Madame De La Gourandière, personnage fictif inspiré par cette inconnue. Les rencontres ne se font pas par hasard.
Je me lève, quitte le lieu. Je contourne la rue principale, je rentre chez moi. J'écris, sur des bouts de papiers , des mots, des phrases, des idées, des reflexions. Je dessine ensuite, un banc, un coin de verdure, deux personnages qui se mouvent sur un fond blanc et un gros point d'interrogation. Ce point d'interrogation désigne l'animal de compagnie de Madame De La Gourandière. Ensuite, des trentaines de photos jonchent le sol de mon salon. Tout prend forme au fil du temps, jusqu'au point final au bout de six mois. Le scénario prêt, le story board crayonné, j'entreprends alors d'organiser un casting d'animaux. L'animal représente l'axe principal de cette tranche de vie que je souhaite raconter. Longtemps, j'hésiterais entre une Oie et... cette bête mystèrieuse portant le nom de Larrouy.
L'été 2020, le temps d'un week-end, les personnages, Madame De La Gourandière et Angélique, vont exister pleinement, naturellement. Arlequin, quant à lui, se cachera, en partie, puis apparaitra subitement dans la caméra et disparaîtra à nouveau jusqu'à « crever l'écran » à la toute fin.
Des instants joyeux seront vécus, des éclats de rire raisonneront surtout au moment où Larrouy au lieu de venir me faire un câlin, préfèrera devant toute l'équipe, faire ses besoins.
Dès lors, quelques minutes de la vie de Madame De La Gourandière et de son Arlequin, la rencontre entre Madame De La Gourandière et de sa petite voisine, sont à jamais gravées, dans un court- métrage. Les petits bonheurs ne doivent pas s'envoler.
Actrice / Réalisatrice / Scénariste
24 Novembre 2021
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